Les journées nationales du réseau Analyse ton prod’, organisées les 24 et 25 à Toulouse par la Fédération Addiction avec les acteurs locaux ont été ouverte par l’Agence régionale de santé Occitanie. Elles ont ensuite permis de faire un bilan des activités du réseau Analyse ton prod’. Ces bilans, ainsi que celui du laboratoire d’appui, qui permet à des structures dépourvues de laboratoire régional d’offrir à leurs usagers un service d’analyse de produits, ont mis en lumière la hausse régulière du nombre de demande d’analyse d’année en année. Plus encore, ils ont montré que l’existence d’un service d’analyse quantitatif et qualitatif jouait un rôle important dans le nombre de demandes de la part des usagers.

Ces rencontres ont également permis de revenir sur les faits marquants de l’année 2024, région par région. Ce tour d’horizon a mis en évidence la richesse des expériences locales, l’implication croissante des équipes de terrain, ainsi que l’impact concret de l’analyse sur la connaissance des produits en circulation et leur compréhension. Cette connaissance soulève naturellement la question de sa diffusion.

Des ateliers participatifs ont ainsi été proposés aux membres du réseau Analyse ton prod’ pour réfléchir aux conditions et modalités de la diffusion publique d’informations sur les produits : à quel moment cette diffusion est-elle pertinente ? Comment conjuguer réactivité et prudence ?

Au-delà des tendances observées sur les produits, ces journées ont été l’occasion d’aborder plusieurs enjeux majeurs au cœur du réseau Analyse ton prod’.

Un premier temps a été consacré au lien entre l’analyse de drogues et la recherche : comment la recherche peut renforcer la légitimité des dispositifs ? Comment peut-elle permettre d’identifier des points d’amélioration  ? Comment le réseau peut s’engager dans une démarche de participation à la recherche et d’évaluation de ces pratiques, tant sur la technique que sur la clinique ? Ces questions ont permis d’ouvrir la réflexion sur la valeur scientifique et opérationnelle de ces données.

Un second temps d’échange a porté sur les dimensions éthiques et juridiques de l’analyse de drogues. Ce moment a soulevé des interrogations à la fois concrètes et fondamentales : dans quel cadre s’inscrit aujourd’hui l’analyse de produits ? Comment se positionne-t-elle dans un contexte marqué par la guerre aux drogues et la stigmatisation des usagers ? Quelle est, en ce sens, la mission des intervenants en réduction des risques, et jusqu’où peuvent-ils aller ? En quoi l’analyse de drogues s’inscrit dans une posture de réduction des risques non pathologiste et créatrice de pouvoir d’agir ?

Ces discussions ont également permis d’interroger les limites du champ d’action de l’analyse. Comment accompagner au mieux certains usages spécifiques, comme celui des hormones dans les parcours de transition de genre ? Autant de sujets complexes qui témoignent de la nécessité d’une discussion continue au sein du réseau, alimentée par l’expériences des professionnels, l’apport d’experts extérieurs, et les savoirs des personnes qui utilisent des drogues.

La clôture de ces journées a permis de réaffirmer avec force ce qui fait la singularité du dispositif Analyse ton prod’ : une dynamique profondément collective, portée par une diversité d’acteurs réunis autour d’une ambition commune — rendre l’analyse de drogues accessible, utile et structurante dans les parcours des usagers.

Les échanges nourris de ces deux journées ont mis en lumière l’urgence de pérenniser ce type d’initiative, de lui allouer des moyens à la hauteur de ses enjeux, et de construire une politique publique cohérente et ambitieuse en matière de réduction des risques.

Ce rassemblement à Toulouse a illustré que l’analyse de drogues ne constitue pas une fin en soi. Elle s’affirme comme un levier transversal, à la croisée des savoirs scientifiques, des vécus des personnes concernées et des grandes questions contemporaines.